Discours d'ouverture de l'honorable Claudette Tardif, le 25 octobre 2013, au congrès national de l'Association canadienne des professeurs d'immersion (ACPI), à Calgary
Philippe Le Dorze, président de l'ACPI. Merci, Madame Doell de votre touchante présentation.
Distingués invités, Chers enseignantes et enseignants,
Il me fait réellement plaisir de vous adresser la parole ce matin à l'occasion du congrès national de l'Association canadienne des professeurs d'immersion (ACPI), L'immersion, plein d'esprit, ici, pour la première fois à Calgary. J'espère que votre séjour à Calgary vous revigore l'esprit de l'immersion française.
Je tiens à remercier les organisateurs Mme Chantal Bourbonnais, directrice générale, Mme Lesley Doell, présidente du Congrès et son équipe, de m'avoir invitée et je les félicite pour l'organisation de ce congrès. Effectivement, c'est toute une réussite que de voir rassemblés plus de 700 participants à un tel congrès!
J'ai toujours apprécié l'excellent travail de l'ACPI au fil des années : une organisation qui a toujours été soucieuse d'améliorer la qualité de l'éducation et la formation professionnelle de ses membres. Sans vous dévoiler mon âge, je peux vous dire que j'ai déjà été impliquée avec l'ACPI il y a plusieurs années. Je suis heureuse de voir la présence de chercheurs de la première génération de l'immersion française, tels que Sharon Lapkin, Fred Genesee, Jim Cummins, et Lucille Mandin parmi bien d'autres, qui se sont impliqués avec l'immersion depuis ses débuts.
J'ai eu le privilège de siéger au Conseil d'administration de l'ACPI de 1984 à 1986, et j'ai représenté la région de l'ouest pour l'ACPI au Consortium national des universités de 1992 à 1996. Et bien sûr, j'ai participé en tant que conférencière et observatrice à de nombreux congrès.
Je peux affirmer que l'ACPI est une association qui joue un rôle fort important non seulement pour les éducateurs et les éducatrices impliqués dans l'enseignement du français, mais aussi pour toute notre société. C'est grâce au dévouement, à l'engagement et à l'enthousiasme de vous tous, que le Canada poursuit l'atteinte de son idéal, soit un pays officiellement bilingue, et que nos jeunes peuvent s'enrichir par l'apprentissage d'une deuxième langue. C'est un formidable défi que celui de faire valoir l'importance d'apprendre une nouvelle langue car nous savons qu'il y a de nombreuses retombées avantageuses sur le plan personnel et pour notre société.
I have had the privilege over the years, in my work as a teacher, professor, researcher, administrator and more recently as a Senator in the Canadian Senate to see first hand the positive effects of bilingualism for our young people and for our society.
L'éducation en langue seconde est un des éléments essentiels qui contribue au fondement et au maintien de la dualité linguistique en tant que valeur canadienne. La dualité linguistique et la diversité au Canada sont deux traits caractéristiques qui rendent la société canadienne unique, et qui ont mené à la création d'une société qui reconnaît et respecte les différences. Dans un contexte plurilinguistique et global, il est d'autant plus important d'apprendre les deux langues officielles du Canada et faire du Canada un pays peuplé de citoyens plurilingues qui sont prêts à prendre leur place dans le village planétaire d'aujourd'hui.
Les éducatrices et éducateurs en immersion peuvent être fiers de participer à ce grand projet de société. Aujourd'hui, environ 350,000 jeunes Canadiens sont inscrits dans des programmes d'immersion française. Il n'y a jamais eu autant de Canadiens capables de s'exprimer en anglais et en français qu'aujourd'hui, avec 5,4 millions de Canadiens qui peuvent parler l'anglais et le français, comparativement à 2,8 millions en 1971.
Mais malgré ces gains importants, il reste de nombreux défis. Selon le dernier recensement, la proportion de Canadiens ayant une connaissance du français a plafonné : en 2006, 30,7% de la population canadienne pouvait converser en français, comparativement à 30,1% en 2011. En 1971, 13,5% des Canadiens étaient bilingues anglais-français. En 1996, ce taux atteignait 17% et en 2011, 17.5%.
Certains se demandent si le bilinguisme a un avenir au pays. Selon moi, oui, mais on doit faire mieux et on doit faire plus!!
Le 15 avril dernier, le Comité des langues officielles du Sénat (dont je suis membre depuis ma nomination) a entrepris une étude portant sur les meilleures pratiques en matière de politique linguistique et d'apprentissage d'une langue seconde dans un contexte de dualité ou de pluralité linguistique. À l'ajournement de la session à la fin de juin, plusieurs témoins étaient venus présenter leurs points de vue devant le comité, parmi lesquels l'Association canadienne des professeurs d'immersion, dont votre président et directrice générale qui ont fait une excellente présentation devant le comité.
Tous les experts s'entendent pour dire qu'il faut offrir à tous une chance égale d'apprendre la deuxième langue officielle sans quoi la dualité linguistique risque de s'affaiblir. Je crois que l'enseignement et l'apprentissage d'une langue devraient être une valeur canadienne importante surtout au 21e siècle. Le Canada est un chef de file sur le plan mondial avec ses programmes d'immersion. Maintenons le cap avec un engagement renouvelé à l'enseignement des langues secondes.
It is no small part because of your work and dedication that Canada as a nation is able to stand tall and proud in the world based on its policies of official-language bilingualism and its policies on multiculturalism.
Personnellement, je trouve déplorable que l'enseignement du français n'est pas obligatoire pour à peu près la moitié des provinces au Canada. Je crois que le Canada doit se doter d'une politique pancanadienne qui encouragerait et rendrait obligatoire l'apprentissage des deux langues officielles à tous les niveaux scolaires.
Selon Graham Fraser, et je cite : « Le succès des programmes de français langue seconde est limité à cause de ressources insuffisantes : un nombre restreint de places, le manque de financement, et une pénurie d'enseignants qualifiés » … « Le Canada doit fournir un véritable continuum de possibilités d'apprentissage en langue seconde à tous les Canadiens, et ce, de l'école primaire au marché du travail. Il s'agit là d'un élément intégral de la préparation de nos jeunes à leur avenir, pour qu'ils deviennent des citoyens productifs dans leur propre pays et des citoyens du monde. »
Au cours des témoignages, certaines recommandations ont été proposées telles : valoriser davantage dans notre société l'apprentissage et l'enseignement du français; promouvoir l'immersion auprès des éducateurs et directeurs d'écoles; augmenter le nombre de programmes et de places; recruter davantage auprès des allophones; favoriser l'accès en augmentant le financement et les fonds pour le transport et les manuels; augmenter le nombre d'enseignants et ceux spécialisés en enfance en difficulté capables d'enseigner le français; instaurer un test d'évaluation de compétences normalisé à l'échelle nationale, et investir dans des approches novatrices basées sur la recherche.
Lorsque le Comité des langues officielles au Sénat aura terminé son étude, des recommandations seront formulées et transmises au gouvernement. Le gouvernement fédéral a un rôle de leadership critique et important à jouer dans la promotion de nos deux langues officielles. Je peux vous assurer mon engagement indéfectible pour faire en sorte que le gouvernement respecte ses obligations en matière de langues officielles et de promotion du bilinguisme.
L'ACPI a démontré qu'elle est un partenaire essentiel et bien positionné pour défendre, valoriser et faire évoluer l'immersion au Canada auprès de toutes les instances.
Je termine en vous remerciant et en vous rendant hommage chers enseignants et enseignantes, administrateurs et administratrices, conseillers et conseillères pédagogiques, et chercheurs qui travaillez avec beaucoup de dévouement à promouvoir le bilinguisme dans notre pays. Grâce à votre détermination et à votre professionnalisme, nous pouvons être très fiers de nos programmes en immersion française au Canada.
Bon congrès à tous et merci.
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