Documentation capitale / Capital Documentation

Centre de ressources

A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
Recherche rapide

Recherche avancée

Poirier, Jean

Jean Poirier
Jean Poirier
Jean Poirier est intimement lié à la lutte pour la promotion et la défense de la francophonie depuis qu’il est tombé dans la potion magique. Franco-Ontarien de la quatrième génération, il naît en 1950 à Orléans, petite localité alors à forte majorité francophone agricole juste à l’est d’Ottawa.

En 1968, il opte de poursuivre des études en environnement à l’Université de Waterloo, Ontario. C’est dans cette université anglophone qu’il réalise toute la spécificité et la vulnérabilité de la collectivité francophone, surtout lorsque plongé seul dans un environnement aussi différent, voire indifférent. A l’été 1969, il accepte une position à Montréal au sein d’une des grandes firmes canadiennes. Croyant profiter de cet emploi d’été pour maintenir sa langue et sa culture françaises, il est stupéfait quand ses patrons lui ordonnent de communiquer seulement qu’en anglais au sein de la firme, même entre Francophones au Québec. Ce choc déclenche sa mobilisation pour garantir un avenir en français. Il prend l’engagement qu’étant né Francophone, il vivra et mourra dans sa langue maternelle, comme il dit, «…même s’il en est le dernier représentant sur la planète ». À partir de ce moment, sa langue et sa culture ne sont plus négociables.

En 1972, le tout nouveau ministère fédéral de l’Environnement invite le nouveau diplômé à se joindre à son équipe. Pendant cinq ans, de 1972 à 1977, on lui remet chaque année promotion après promotion non sollicitées. Mais, la fonction publique ne lui offre pas un environnement assez stimulant. Un bon matin, il remet sa démission à des patrons stupéfaits. Il quitte tout à Ottawa et s’établit dans une propriété rurale paradisiaque à Alfred, dans l’Est ontarien. C’est un retour aux sources, puisque, quatre générations auparavant, les Poirier avaient quitté la région de Saint-Scholastique au Québec pour venir s’établir dans le rang de L’Ange gardien près de L’Orignal, le village voisin d’Alfred.

En 1977, le gouvernement de l’Ontario annonce la fermeture de l’École Champlain d’Alfred, école-ferme pour jeunes délinquants. Pour les Franco-Ontariens, le moment est propice pour obtenir le collège agricole de langue française demandé depuis si longtemps. L’ACFO régionale l’embauche à titre d’agent de développement communautaire et le mandate de tout mettre en oeuvre pour voir ce collège créé. Il réalise un sondage auprès de quelques 1 600 producteurs agricoles et étudiants; 93 pour cent indiquent une préférence pour un collège de langue française plutôt qu’une aile bilingue au collège de langue anglaise. En 1980, le gouvernement de l’Ontario annonce l’ouverture en septembre 1981 du Collège de technologie agricole et alimentaire d’Alfred. Voilà comment débute l’implication communautaire de Jean Poirier dans la francophonie.

Jean Poirier occupe de 1978 à 1984 ce poste d’agent de développement communautaire à l’ACFO régionale de Prescott et Russell. Il met sur pied des organismes dont l’Association touristique de Prescott et Russell, le Comité de développement économique, le Concours littéraire Les Écrits de Prescott et Russell et le Comité pour le défilé de la Saint-Jean. De plus, il initie les premières recherches dans de nombreux domaines dont un inventaire des attractions et services actuels et potentiels en tourisme, une campagne de promotion de l’agro-tourisme, une étude sur l’analphabétisme, des ateliers de techniques de recherche d’emplois et de développement de leadership pour les élèves du secondaire.

En 1984, le député Don Boudria, démissionne prématurément de son poste à l’Assemblée législative de l’Ontario et est élu député fédéral. À l’automne, il invite Jean Poirier à se lancer en politique, surtout qu’on attend une annonce imminente d’une élection partielle pour le remplacer. Le chef du parti, David Peterson, lui donne 24 heures pour se décider. Le 3 octobre, Jean Poirier accepte de se lancer en politique, avec 150 dollars en poche et une association politique exsangue, sans fonds, sans bénévoles et sans dossiers. Le 13 décembre 1984, à la surprise générale, il est élu avec une majorité de 1 800 voix. Six mois plus tard, lors de l’élection générale, il est réélu, cette fois avec une majorité de 7 800 voix. Deux ans plus tard, à la chute du gouvernement minoritaire, il est réélu pour une troisième fois, jouissant d’une majorité record de 22 300 voix, la plus forte depuis la création de l’Ontario en 1791. Il est élu avec 76 pour cent d’appuis, un record qui tient toujours à Toronto. Trois ans plus tard, en septembre 1990, le Premier ministre Peterson lance l’Ontario dans une autre campagne électorale, Son parti, celui aussi de Jean Poirier, subit alors une humiliante défaite, mais notre Franco-Ontarien est réélu pour un quatrième mandat, encore une fois avec la plus forte majorité de la province, soit 16 500 voix.

Au cours de son mandat à Queen’s Park, notre député franco-ontarien est nommé successivement adjoint parlementaire des ministres de l’Environnement et de l’Énergie; vice-président de l’Assemblée législative; et président des comités pléniers de l’Assemblée. Il siège à huit comités législatifs et est nommé critique de l’Opposition officielle dans divers dossiers. Durant ces onze années, il siège autant à titre de député au gouvernement qu’à l’Opposition officielle. Il obtient plus de 700 millions de dollars d’octrois pour sa circonscription, dont 42 écoles neuves. En moins de six mois, il fait adopter à l’unanimité par l’Assemblée un projet de loi d’intérêt privé conférant une reconnaissance législative aux traducteurs et interprètes de l’Ontario, une première mondiale.

Son implication dans la promotion et la défense de la francophonie lui donne la plus grande satisfaction du devoir accompli. Dès 1986, il assume la présidence et prépare l’installation officielle la même année de la section du Parlement de l’Ontario au sein de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF).Il impose la première utilisation officielle du Drapeau franco-ontarien au parlement. Il occupe, sans interruption et sans contestation, la présidence de l’APF Ontario, siège au Bureau international de l’APF et est Chargé de mission de ce Bureau pour toutes les Amériques jusqu’à son départ de la scène politique en 1995, fait extrêmement rare, surtout que son parti avait perdu les élections en 1990.

En 1986, il propose et obtient l’unanimité des trois partis à l’Assemblée pour doter l’Assemblée d’un système d’interprétation simultanée. En 1990, il initie la mise sur pied de l’Association parlementaire Ontario-Québec (APOQ). Il encourage son gouvernement à faire adopter la Loi 8, loi garantissant des services gouvernementaux en français et à créer les premiers collèges communautaires de langue française en Ontario. Par contre, il est souvent le seul parlementaire à soutenir publiquement des dossiers chers à la francophonie ontarienne. On le lui reproche souvent d’ailleurs, même ses collègues du parti.

Sa plus grande déception se produit peu de temps après sa victoire éclatante de 1987. Un adjoint principal du Premier ministre (de son propre parti) lui annonce qu’il ne sera jamais nommé ministre car le député de Prescott et Russell est perçu comme « trop puissant », donc «incontrôlable» et que « la majorité linguistique de l’Ontario n’accepterait jamais qu’un militant aussi vocal de la francophonie puisse détenir un portefeuille décisionnel ». Jean Poirier redouble donc d’ardeur à défendre les intérêts des Franco-Ontariens.

En 1994, exténué, Jean Poirier décide qu’il ne sollicitera pas un cinquième mandat lors des élections anticipées de 2005. Le 7 juin 1995, jour d’anniversaire de son épouse française, Dominique-Marie Saubestre, il termine sa carrière politique, serein et prêt pour le prochain chapitre de sa vie. Il retourne à la maison se refaire d’abord une santé grandement sapée par la vie politique.

En 1997, à peine reposé, il retourne à l’ACFO de Prescott et Russell, mais cette fois-ci au conseil d’administration. L’année suivante, il est élu par acclamation à la présidence, poste qu’il conserve sans opposition jusqu’à son départ vers la présidence de l’ACFO Provinciale en septembre 2004. À son retour de l’ACFO Provinciale en novembre 2005, il revient au conseil d’administration jusqu’à son départ définitif en mai 2006. Durant son engagement à l’ACFO régionale, il travaille de façon bénévole à temps plein, puisqu’il n’y a plus de fonds disponibles pour embaucher du personnel. Il met sur pied bon nombre de projets dont : l’Ordre de la francophonie de Prescott et Russell, le Banquet de la francophonie de Prescott et Russell, le Prix Jeunesse Thomas-Godefroy, le Prix Alfred-Évanturel, et le Prix Ferdinand-Larose. De plus, il contribue à la création, entre autres, de l’Association française des propriétaires de boisés privés de l’Est de l’Ontario, la première Intendance environnementale bilingue de l’Ontario, le premier Envirothon de langue française en Ontario et le premier Conseil communautaire du Collège d’Alfred.

En septembre 2004, on le sollicite d’urgence pour assumer la présidence de l’ACFO Provinciale alors à l’article de la mort. Au cours de l’année qui suit, il récolte plus de 365 000 dollars pour rembourser les dettes, faire fonctionner l’organisme et le transformer en novembre 2005 en l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO). En 2006, l’AFO a bénéficié de la confiance de tous les groupes de la francophonie ontarienne et a reçu plus de 700 000 dollars d’octrois pour son fonctionnement.

Au début de 2006, Jean Poirier décide de se retirer définitivement de la vie publique et de laisser la barre à une génération plus jeune aux aspirations différentes.

Parmi les nombreuses distinctions qui lui ont été décernées, notons qu’il est Commandeur de l’Ordre de la Pléiade de l’APF (1995) et Officier de l’Ordre National du Mérite de France (2002). Il est membre de l’Ordre des francophones d'Amérique (2006), l’Ordre de la fidélité française d’Amérique (1995), l’Ordre du Mérite franco-ontarien (2003) et l’Ordre de la francophonie de Prescott et Russell (2005). Il est récipiendaire du Prix Lyse-Daniels d’Impératif français (2004), du Prix Séraphin-Marion (2001) et de la Médaille Bene merenti de Patria (2001) de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, de la Médaille d’honneur du Sénat de France (1995), de la Médaille du Jubilé de la Reine Elizabeth II (2002) et de la Médaille du 125e anniversaire du Canada (1992). Il est président d’honneur (2006 - 2007) des célébrations du Collège d’Alfred, maintenant le Campus d’Alfred de l’Université de Guelph et fut président d’honneur (2001) du Salon du Livre de l’Est de l’Ontario. Le journal Le Droit d’Ottawa et la Société Radio-Canada Ontario-Outaouais l’ont nommé en mars 2004 Personnalité de la semaine. En 2006, il a été nommé une des cent personnalités franco-ontariennes de tous les temps à servir de modèles à la collectivité.

Il est membre d’honneur à vie, entre autres, de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario (AFO), l’Association des interprètes et des traducteurs de l’Ontario (ATIO), l’Union des cultivateurs franco-ontariens (UCFO), et de l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) de Prescott et Russell. Il est aussi Honorary State Representative à l’Assemblée des élus de la Louisiane et Citoyen honoraire de la ville de Lafayette en Louisiane.

Aujourd’hui, Jean Poirier peut dire mission personnelle accomplie dans bien des dossiers mais, selon lui, tellement reste à faire pour que les Francophones d’ici et d’ailleurs puissent vraiment vivrent leur langue et leur culture sans être toujours aux aguets des menaces de l’assimilation et de la mondialisation, entre autres.
[Facebook] [Twitter] [Google+] [LinkedIn] [MySpace]

 


Courriel : JeanPoirier@hawk.igs.net

 

  • Catégorie : Développement communautaire, Politique provinciale canadienne



« Retour


Modification : 2007-03-16